RAPPORT BRUNDTLAND
Résumé du Chapitre 6 :
Espèces et Ecosystèmes : les ressources au service du développement.
La conservation de la nature est utile, et elle est déjà pour de nombreux pays un impératif intégré aux politiques nationales. La Commission insiste pourtant sur ce point car l’enjeux est de« déterminer comment mener à bien dans l’intérêt national et en fonction des moyens dont dispose chaque pays » un programme de conservation des écosystèmes.
Les espaces naturels offrent aux hommes un magnifique spectacle. De plus, ils renferment un matériel génétique varié et de nombreuses espèces qui prennent part au développement. Selon les données de la Commission les chercheurs n’ont étudié qu’un pour cent des espèces végétales et une part encore plus faible des espèces animales. Ces espèces inconnues sont donc autant de potentielles sources d’informations, de traitement, de médicaments.
Cependant, la communauté scientifique alerte le monde depuis un certain temps : les espèces sont en voie de disparition à un rythme jamais atteint auparavant. L’extinction des espèces est un processus naturel, seulement aujourd’hui ce processus est accéléré par l’activité de l’homme. La vie moyenne d’une espèce est estimée à 5 millions d’années, le taux moyen d’extinction est d’une espèce tous les 21 mois. Avec l’action humaine ce taux est multiplié.
La Commission est consciente que les gouvernements seuls ne disposent pas des capacités de mettre en place des plans de sauvegarde, c’est donc à la communauté internationale de se mobiliser et de mettre en place ces programmes.
La sauvegarde des espèces est un processus complexe, la difficulté est augmentée par le fait que les espèces les plus menacées se trouvent dans des habitats en danger, comme les forêts tropicales.
Sur les causes d’extinction des espèces :
Les régions les plus riches en espèces, celles où se trouvent les forêts tropicales, sont également celles où se trouvent la plupart des pays en développement. Ainsi la croissance économique se fait au détriment de la préservation des espaces naturels. Les agriculteurs pratiquent une culture extensive, instable et qui incite au déplacement et donc aux déforestations.
La croissance démographique forte est également une menace, car les habitants exercent une pression forte sur les milieux naturels, même s’ils sont protégés. De plus les forêts tropicales sont très prisées pour les arbres qu’elles abritent, la vente du bois procure des rentes non négligeables. Mais ces forêts ne sont pas renouvelées, et le rythme d’abattage est trop élevé par rapport au rythme de repousse. Cela est aggravé par la demande des pays occidentaux en bois rares : le teck, l’acajou, et la faiblesse des droits de douane.
Enfin la sauvegarde des espèces présente un avantage économique. La Commission est réaliste sur le fait que des « raisons esthétiques, éthiques, culturelles et scientifiques » devraient suffire mais que ce n’est pas le cas. Or « la valeur du matériel génétique que renferment les espèces » est un motif supplémentaire pour leur préservation. Seuls les pays industrialisé ont la capacité scientifique et industrielle d’exploiter ce matériel générique, mais la flore est utile pour tous.
En matière de santé « la moitié des ordonnances prescrites concernent des médicaments dont l’origine est un organisme sauvage ».De même elle profite à l’industrie en fournissant, colorant, colles, gommes, huiles et cires végétales.
La Commission propose donc un plan de sauvegarde qui s’établit sur deux notions : prévoir et prévenir. Il s’agit de « modifier les structures de développement pour les rendre compatibles avec le maintien de la diversité biologique de la planète. » Le problème doit être attaqué à sa source, il faut donc revoir les politiques de développement qui jusqu’à présent n’ont pas satisfait les espoirs placés en elles. La commission encourage la mise en place de SNC : Stratégies Nationales de Conservation, mises en place à l’échelle internationale par différents acteurs : grand public, ONG, les Etats. Cela devrait permettre de faire émerger les priorités, et d’équilibrer mieux pour le bien être collectif. L’action internationale doit se décliner en deux temps : tout d’abord renforcer les initiatives prometteuses, puis fixer les priorités dans l’action.
Mais, le problème réside dans le conflit qu’il existe entre les intérêts économiques à court terme des états et l’intérêt à long terme que propose le développement durable.
Sur les initiatives en cours :
• L’UNESCO gère un centre d’information sur les zones naturelles et les ressources génériques. De plus certaines de ses structures (Patrimoine Naturel Mondial) apportent un soutien financier à des écosystèmes exceptionnels. Mais son budget bien qu’utile n’est pas suffisant.
• Des institutions de l’ONU : la FAO et la PNUE ont également des programmes de sauvegarde des espèces menacées, mais leurs actions sont trop limitées par rapport à ce qui est véritablement requis.
•L’union Internationale pour la Conservation de la Nature et de ses Ressources, en collaboration avec d’autres organismes comme le PNUE, le Fond mondial pour la nature, la Banque mondiale…, a crée un centre d’observation et de surveillance des mesures de conservation.
Ces initiatives sont très importantes et obtiennent des succès localement, mais, selon la Commission, il manque l’approche économique du problème. La conservation des espèces n’est pas qu’affaire de science ou de politique.
Ainsi la commission souligne le Plan d’Action relatif à la Forêt Tropicale, coordonné par la FAO, qui est le moyen de « faire le point sur les politiques nationales en matière de sylviculture, et d’élaborer des plans en ce domaine, de repérer les nouveaux projets, de renforcer la coopération entre les organismes d’aide au développement travaillant dans ce secteur et d’accroître les ressources techniques et financières affectées à la forêt et aux secteurs connexes, tels la petite agriculture ».
Sur les priorités à définir :
L’ONU a adopté en 1982 la Charte Mondiale de la Nature, ce premier pas est très important, mais il manque un volet sur les espèces. Il faudrait donc, selon la Commission, une convention qui préciserait « la notion de diversité des espèces et des genres comme patrimoine commun. » Le but de la Commission n’est pas de priver les pays de leur souveraineté à agir sur leurs territoires, mais bien de mettre en place un système de collaboration pour aider à la protection.
De plus les programmes à mettre en place seraient de grande envergure, l’écosystème se protège dans sa globalité, et cela mobiliserait des fonds considérables. La Commission propose la création d’un fond d’affectation spéciale auquel tous les pays pourraient contribuer, et qui assurerait une redistribution aux pays nécessitant le plus de moyens pour mettre en place des politiques de sauvegarde.
L’action est aujourd’hui plus que jamais nécessaire, pour la science, l’industrie, mais aussi pour l’homme qui a appris et veut continuer à vivre avec une nature abondante, riche et variée.
Rédigé par Victoria CHERRIER