RAPPORT BRUNDTLAND
Résumé du Chapitre 2-
Vers un développement durable.
Pour la Commission le concept de développement durable « offre un cadre permettant d’intégrer politique d’environnement et stratégies de développement […] le développement durable c’est s’efforcer de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité de satisfaire ceux des générations futures. Il ne s’agit en aucun cas de mettre fin à la croissance économique ».
Le développement durable consiste à mieux produire. Les problèmes de pauvreté et de sous développement, inhérents aux problèmes d’environnement, ne pourront être résolus, qu’avec une nouvelle période de croissance qui devra respecter les bases écologiques.
Il s’agit donc de repenser l’économie et la société, en partant d’un postulat simple : « l’équité sociale entre les générations et au sein même des générations. »
Le développement d’une société est caractérisé par la capacité des individus qui la composent à satisfaire leurs besoins : le logement, la nourriture, le travail et bien sur celui d’aspirer à l’amélioration des qualités de vie. Le développement durable vise à satisfaire les besoins essentiels, tout en assurant l’égalité des chances pour tous.
L’enjeu n’est pas d’uniformiser et de gommer les particularismes nationaux, mais bien de « favoriser un état d’harmonie entre les être humains et entre l’homme et la nature. »
Les facteurs à prendre en compte sont nombreux car toutes les ressources appartiennent à un écosystème complexe, ainsi si dans l’absolu les ressources renouvelables comme les forêts ou les bancs de poisson tendent à ne pas pouvoir s’épuiser, encore faut-il pouvoir leur garantir des sols fertiles et des eaux non polluées.
Pour les ressources non renouvelables, dont notamment les énergies fossiles et les minerais, l’objectif est d’optimiser leur utilisation en fonction des stocks disponibles, et encourager les recherches permettant de trouver des techniques de remplacement.
Enfin pour les biens « gratuits », l’air, l’eau, le développement durable exige que les atteintes nocives soient réduites au minimum (limitation des rejets de gaz polluants, retraitement des déchets avant leur combustion, interdiction des rejets dans les fleuves, mers et océans).
La Commission souligne que le développement durable doit être appliqué partout pour être efficace car les interactions écologiques ne respectent pas les frontières. Comme la catastrophe de Tchernobyl nous l’a montré, une catastrophe écologique dans un pays à des effets sur les autres nations l’environnant. Cette interdépendance entre les différents milieux naturels, entraîne l’interdépendance des peuples.
Sept points d’actions sont donc mis en avant et développés. Il s’agit de :
• la reprise de la croissance,
• la modification de la qualité de croissance,
• la satisfaction des besoins essentiels,
• la maîtrise de la démographie,
• la préservation et la mise en valeur de la base de ressources,
• la réorientation des techniques et gestion des risques
• l’intégration des considérations relatives à l’économie et à l’environnement dans la prise de décisions.
Sur la reprise de la croissance :
La pauvreté est un des points majeurs de la mise en péril du développement. En effet elle réduit « la capacité des gens à utiliser les ressources de manière pondérée, elle intensifie les pressions qui pèsent sur l’environnement ». Ainsi pour soulager les ressources naturelles de ces pressions excessives, il faudrait pouvoir augmenter le revenu par habitants des pays en voie de développement. La Commission avait préconisé une croissance annuelle de 5% en Asie et de 5.5 % e, Amérique Latine, contre 6% e, Afrique et Asie occidentale.
Quand aux pays industrialisés, une croissance de 3 à 4 % par an devait être maintenue. Ce taux de croissance, couplé avec l’évolution amorcée vers des activités à moins forte intensité de matières premières et d’énergie serait supportable pour l’environnement.
Les projections prévoyaient une baisse des commandes des pays développés de matières premières envers les pays en développement. Ces derniers devaient donc préparer cet évolution du marché international en dynamisant leurs productions de produits manufacturés et leurs marchés internes.
Sur la modification de la qualité de la croissance :
La croissance doit être encouragée et soutenue, mais elle ne doit pas augmenter au détriment de l’environnement. C’est dans l’intérêt même de la croissance, pour qu’elle s’établisse à long terme, qu’il faut une prise en compte des nécessités écologiques.
Le rapport a proposé la prise en compte systématique dans les exploitations de ressources naturelles des coûts de reconstruction, ou de restauration des ressources. Ainsi, lors de l’exploitation d’une forêt, il convient de prévoir dans le budget d’exploitation les coûts de régénération (re-plantage, soin..) de cette même forêt.
Cette intégration des coûts de reconstruction aux coûts de productions ne peut être efficace et unanime que si elle est imposée par les pouvoirs publics et son respect doit être contrôlé.
Sur la satisfaction des besoins essentiels :
La satisfaction des besoins passe par la consommation, la consommation nécessite des richesses. Donc pour consommer il faut pouvoir travailler. Or le monde est face à un problème généralisé de chômage, et l’accroissement naturel de la population augmente les exigences. Entre 1985 et 2000 il a fallut trouver du travail pour 60 millions de personnes par an. Il faut donc trouver des structures de croissance qui permettent la multiplication des emplois.
Pour ce qui est de la nutrition, bien qu’il y ait des améliorations, elles ne sont pas suffisantes, surtout concernant l’apport de protéines (contenus dans les viandes, poissons, laitages) qui reste insuffisant. En Afrique elle devrait pour atteindre un taux normal progresser de 5.8% per capita.
Enfin le tiers monde est incapable de répondre aux besoins de logements, l’urbanisation des villes explose, les bidonvilles et habitats précaires se multiplient, mettant en péril l’hygiène, la santé et l’accès à une eau salubre et saine.
Sur la maîtrise de la démographie :
Le développement durable est intimement lié à la démographie. Un enfant naissant dans un pays consommant beaucoup de matières premières est une charge plus lourde qu’un enfant naissant dans un pays plus pauvres.
De plus dans le tiers monde, les habitants n’ont pas la possibilité d’émigrer vers des territoires inexploités. Il importe donc de maîtriser la démographie dans les pays développés, et de ralentir celle des pays en développement.
La Commission pour parvenir à cette fin préconise l’éducation des femmes .En leur donnant accès aux plannings familiaux, les femmes peuvent faire le choix d’avoir une famille nombreuse.
Sur la préservation et la mise en valeur de la base de ressources :
Le mot d’ordre en la matière est prévision et gestion des stocks. La Commission encourage fortement l’orientation vers les formes d’énergies renouvelables.
Les ressources existantes doivent être utilisées avec parcimonie afin de ne pas priver les générations futures de leur usage.
Il faut également modifier la structure des échanges de minerais « afin d’assurer aux exportateurs une plus grande part de la valeur ajoutée et d’améliorer l’accès des pays en développement aux approvisionnements, à mesure que leur demande progresse ».
Sur l’intégration des considérations économiques et environnementales dans la prise de décisions :
Il s’agit ici d’éduquer une population, de familiariser les générations avec la gestion des risques et d’encourager les pouvoirs publics à intensifier les réglementations en matière d’environnement. Il faut tenir compte « de la dimension environnement dans la fiscalité, dans les procédures d’autorisation des investissements et des choix technologiques ».
Ces mesures sont donc pour la Commission le socle sur lequel un développement durable peut s’installer.
( A suivre ....)